
Fantaisies Indiennes : un carré Hermès entre mythe, voyage et légende
Chez Carré Society, nous aimons raconter les histoires que tisse la soie. Certaines pièces sont des fragments d’aventure, d’art et de spiritualité. Fantaisies Indiennes, dessiné par Loïc Dubigeon en 1985 pour la maison Hermès, en est un parfait exemple.
Réédité plusieurs fois depuis sa création, ce carré fascine par la richesse de son iconographie et la précision de son trait. Il existe en version classique 90 cm en twill de soie, mais aussi en format 140 cm en cachemire et soie – rarissime.
Un hommage au Rajasthan, terre de rois et de légendes
Le dessin de Fantaisies Indiennes s’inspire directement des fresques du Rajasthan, cette région du nord de l’Inde surnommée le pays des rois. Les peintures murales des palais de Jaipur, Udaipur ou Jodhpur se retrouvent ici traduites en soie, avec leurs couleurs chatoyantes et leurs personnages héroïques.
Au centre du carré trône l’arbre de la Bodhi, sous lequel le Bouddha aurait atteint l’Éveil. Cet arbre de vie symbolise la triple divinité hindoue : Brahma pour les racines, Shiva pour le tronc, Vishnu pour les branches. Il est bordé de paons, messagers d’immortalité, et entouré d’un foisonnement de scènes inspirées de la mythologie indienne, des grandes épopées hindoues et des traditions locales.
Au cœur de la composition trône l’arbre de la Bodhi, sous lequel Siddhartha Gautama aurait accédé à l’Éveil. Cet arbre de vie est ici interprété selon une triade symbolique : les racines représentent Brahmā (le créateur), le tronc Shiva (le destructeur), et les branches Vishnu (le protecteur). Les paons, aux ailes déployées, dansent autour de cet arbre sacré comme autant d’allégories de l’immortalité.
Autour de ce centre cosmique, le carré déploie une fresque kaléidoscopique. On y croise l’éléphant de Ganesh, dieu de la sagesse, les princes guerriers du Mewar, figures de résistance aux invasions mogholes, mais aussi Dhola et Maru — Roméo et Juliette des sables — fuyant la ville de Narwar à dos de chameau. Cette juxtaposition de motifs, de scènes et de figures compose une vision foisonnante de l’Inde, entre réalité historique et rêverie érudite.
Le génie de Dubigeon réside aussi dans sa capacité à évoquer, en filigrane, les tensions de l’époque coloniale. Sur les bordures apparaissent un train et une automobile — allusions discrètes mais significatives à la Compagnie des Indes britanniques et à son empreinte technologique. L’Inde y est à la fois célébrée dans ses fastes et observée dans ses métamorphoses.
Un détail méconnu : le cosmonaute indien
Dans l’édition spéciale Rakesh Sharma de 1991, un détail inattendu s’est glissé dans la bordure : le premier cosmonaute indien, qui fut invité à bord d’un vol soviétique en 1984. Une silhouette minuscule, clin d’œil discret de Loïc Dubigeon à l’actualité de l’époque, et preuve que ce carré sait conjuguer histoire et modernité.
Fantaisies indiennes n’est pas un simple hommage à l’Orient. C’est un manifeste visuel d’un monde en dialogue : entre l’ancestral et le contemporain, l’art et le sacré, la conquête et la contemplation.
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